Rourebel

Je me souviens …

 J’ai tant de souvenirs à Rourebel, je voudrais vous les faire partager afin de ne pas oublier.

 Je me souviens de tant de choses de mon enfance que tout se bouscule dans ma mémoire. De ces moments, chacun doit avoir des images en mémoire.

 Je me souviens des anciens : de Zoé ma grand mère et Virginie en train de papoter en patois, assises dans la remise de la route, de mon grand père Désiré debout contre le mur de la route pour prendre le soleil.

Je me souviens de Léon qui « enguelait » ces moutons, de Fifie toujours un bouquet de fleurs à la main au retour de sa journée de travail.

Je me souviens être allé garder les moutons avec Fifie tellement de fois.

Elle me montrait les fleurs, les plumets, les œillets de poëte, les chardons ... et les endroits pour faire des glissades sur les fesses à en laisser le fond des pantalons.

Je me souviens de Maurice et Gérard avec son âne, de Tata Ginou avec son accent pointu qui faisait le tour des maisons dès le matin, et sa façon de nous appeler quand le téléphone sonnait pour nous.

De César sous le platane à qui tout le monde disait un petit mot en passant.

Je me souviens de Marius avec son car, qui apportait le sac du pain quand on avait fini le repas et arrivait en ralant pour ne pas se faire engueuler.

Je me souviens de Marcel et Paulette, Marcel nettoyait les rues très consciencieusement, il est fini ce temps.

On attendait Monsieur Forte le facteur qui nous apportait les nouvelles.

Je me souviens de Joseph de champs de Toudon qui venait ferrer les mulets, et aussi de mon oncle Gaston qui arrivait chaque été avec les vaches, les moutons le mulet et le char à banc.

Le matelassier aussi qui passait l’été  et remettait à neuf nos matelas en laine.

 Je me souviens des animaux aussi : Brillant le chien de Maurice, Spoutnik le chien de Doudou, Miki un des chiens de Léon, et Pilou son dernier chien.

 Je me souviens de certains moments aussi : aller chercher le lait chez Monsieur et Madame Jourdan, ou chacun partait avec son bidon, les soirées à attendre Monsieur Dao et sa voiture pleine de bonbons, avec des « mistral » qui étaient toujours gagnants, le coco et les coquillages.

Je me souviens de l’attente du boucher Monsieur Velay père dans son camion rouge et blanc et du soulagement dès que l’on attendait son klaxon.

Je me souviens des soirées sur l’escalier de ma grand-mère ou chacun racontait son histoire et surtout Joseph le papa de Paul et José.

Je me souviens qu’on allait chercher l’eau à la « Font-lueugne » avec nos petites voitures à roulettes, on partait avec la poubelle et on revenait avec les sceaux d’eau, je me souviens aussi de la « brabam » de Paul et José. Les séances de lessive à la fontaine ou il fallait presque réserver sa place.

De l’arrivée de l’eau dans les maisons en 1972 avec les premières salles de bain, le soulagement et bien sur la mise au rancard de nos poussettes bien fatiguées. Mais fini les rendez vous des femmes au bassin, les machines à laver avaient pris le relais.

 Je me souviens du fromage de Fifie que chacun de nous mangeait pour le gouter.

Le soir tous les enfants attendaient le retour du troupeau de Léon pour voir rentrer les « Binbines » qui  logeaient encore dans la carrière de Paulette.

Et puis ce parlé qui est parti avec les anciens et qui nous manque tant : le patois.

 Je me souviens des méchouis, celui de chez Roger ou il tombait des trombes d’eau, la soupe au pistou le soir sous le tilleul, ou Lilé criait « fuo que buillé fuo que buillé », de Hamed toujours préposé à la cuisson du mouton.

Je me souviens quand nous faisions de la luge dans le grand près pendant les vacances d’hiver, et aussi des nuits aux étoiles filantes mais en été cette fois.

 Je me souviens aussi de quelques familles qui n’ont été que de passage : les Prandi, les Roux, les Pellegrini.

Sans oublier le célèbre « Monique à la soupe », ce sont mes souvenirs d’enfance pèle mèle,  j’ai surement oublié quelques « grands moments » de Rourebel, mais, chacun y retrouvera quelques images. Chaque âge a les siens, les plus anciens en auront d’autres et les plus jeunes d’autres encore.